La première impression, lorsqu’on quitte l’aéroport de Vagar, est brusque. Étrange aussi, presque inquiétante – qui s’atténue un peu lorsqu’on comprend que Vagar, une des nombreuses îles des Féroé, est peu peuplée, sinon de montagnes qui ont intimidé jusqu’aux moutons. La seconde impression, née de la première, perdurera : celle d’une civilisation inachevée, suspendue, qui a peuplé le bas de ses montagnes en attendant d’en conquérir les cimes, les flancs, le reste – ce qui ne se fit jamais ; les numéros de téléphone à six chiffres rappellent nos vieux films, en appellent à des souvenirs d’un temps incomplet.
Les îles Féroé laissent passer leurs cascades près des villes, à moins qu’elles les traversent. Des cascades, il y en a autant sans doute que des nuages et de la brume – mystérieuse comme l’on dit qu’un mystère est épais. Ici, le soleil peut tenir lieu de miracle – et les bouts de ciel bleu suffisent à provoquer joie et départ. Joie du départ à dire vrai, car on a toujours un œil sur la météo (l’excellent site portal.fo/vedrid.html rendra bien des services) pour savoir où l’on va, dans l’heure qui suit, pourquoi pas ? pour profiter des reflets de l’eau luisant sur les roches, du contraste avec les ombres qui reviennent, évidemment.
Et l’on s’étonnera qu’un tel paysage réserve tant de diversité. Plaisir des petits sommets bas qui environnent toujours ; plaisir du sommet le plus haut de l’archipel – le Slættaratindur, pas facile à grimper (tôt comme toujours, pour éviter que le sentier terreux devienne vite boueux et trop fréquenté – trop boueux parce que vite fréquenté), et qui nous donne l’impression malgré ses 880 mètres d’avoir touché un bout du toit du monde ; Saksun et son superbe lagon, à longer à marée basse ; ses villages offrant des panoramas splendides (Gjogv, Vidareidi, Kunoy, Kirkjubour) ou émouvants. Les routes sont sûres, étroites lorsqu’on s’échappe, avec des tunnels où ne passera qu’une seule voiture – l’autre patientera sur un bas-côté aménagé. Quelques macareux et d’autres animaux complèteront la visite.
Pourquoi aller aux îles Féroé ? Parce que les moutons y sont plus nombreux que les habitants – comme au paradis, en somme. Ils étaient au milieu du chemin, parfois. En voici quelques images, en vrac, pour donner envie. Parce que les îles Féroé aussi étaient au milieu du chemin.
Sylvain Zorzin.
Photos prises avec un Pentax MX-1.
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